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02 juin 2017

Économie de la fonctionnalité : renforcer les liens avec l’assuré

Encadré

En quoi l’économie de la fonctionnalité peut-elle affecter le monde de l’assurance ? « La première question qui se pose est comment assurer l’aléa lié à l’usage, dès lors que le lien entre l’assureur et le particulier n’existe plus ? », indique Emmanuel Berthelé, actuaire certifié IA et responsable Practice chez Optimind Winter.

Dans les faits, la réponse consiste bien souvent à contourner l’obstacle. Dans le cas d’Autolib, le groupe Bolloré n’étant couvert que sur la partie RC et les risques liés au vol, à l’incendie ou aux catastrophes naturelles, il s’est assuré lui-même sur les dommages matériels. « Il paraît logique que le constructeur procède lui-même à une mutualisation des risques s’il conserve la propriété du bien, analyse Emmanuel Berthelé. Il le fait notamment en fonction des types de véhicules, des caractéristiques de la population utilisatrice et calcule ainsi comment il répercute le coût des dommages sur le prix de la location. Ce qui implique potentiellement de faire travailler des actuaires. » Une réponse à cette perte de contact avec les clients individuels peut aussi se trouver dans des systèmes de contrôle du type « pay how you drive », seuls capables de renforcer le lien avec l’assuré.

D’une manière générale, l’économie de la fonctionnalité réinterroge le business model des assureurs sur les assurances de biens et le financement d’équipements. La solution : « Une réorientation par les assureurs de leur mix produit ou bien le développement de partenariats avec les fabricants pour les accompagner en phase transitoire », note Emmanuel Berthelé.

Un rapprochement avec les entreprises

Les assureurs vont devoir se rapprocher des entreprises de façon inédite. « La responsabilité du producteur va s’engager sur de nouveaux fronts. Elle s’allonge dans la durée puisque le fabricant reste propriétaire du produit jusqu’à la fin de vie de celui-ci, ce qui inclut toutes les problématiques du recyclage. Elle s’étend aussi à l’extérieur des frontières de l’entreprise : le producteur va devoir nouer des liens beaucoup plus étroits avec ses fournisseurs, ses clients et d’autres entreprises partenaires », explique François Garreau, responsable mission RSE auprès du Comex chez Generali. Résultat : pour limiter les risques et traquer toutes les chaînes de responsabilité, l’assureur devra connaître la totalité de la filière et s’entourer de nouveaux profils, tels des prospectivistes, des ingénieurs en cybersécurité, des experts en supply-chain et en organisation ou encore des experts en e-réputation.

« Cela implique d’évaluer le management du risque bien au-delà des sujets techniques habituels et c’est tout le sens de notre démarche lancée depuis bientôt dix ans », poursuit François Garreau. Là encore, des solutions big data avec des systèmes d’information interconnectés permettront à terme de suivre les performances en temps réel. Doit-on y voir un nouveau champ de recherche pour les actuaires ? Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance peuvent-ils être prédictifs d’une sinistralité ?

Le nouveau mode de relation entre les compagnies d’assurances et leurs assurés favorise quoi qu’il en soit la prévention, conclut François Garreau : « La mission des assureurs va devenir beaucoup plus préventive et les gagnants seront ceux qui apporteront le plus de valeur ajoutée au client. »

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