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14 juin 2011

Faut-il avoir peur de Solvabilité II ?

L’Europe aurait-elle une crise de retard ? Solvabilité II et Bâle III poussent les assureurs et les banquiers à renforcer leur exposition sur les obligations d’État, qui se révèlent de plus en plus risquées.

« Solvabilité II et Bâle III sont deux énormes bêtises », martèle Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis. Dans un contexte de crise d’endettement souverain et de retour de l’inflation, les banques et les sociétés d’assurances devraient réduire leur portefeuille obligataire au profit d’actifs les couvrant contre l’inflation : l’immobilier, les matières premières, les actions ou, à la rigueur, les obligations indexées sur l’inflation. Or les normes Solvabilité II et Bâle III, qui entreront en vigueur dès 2013, poussent au contraire les assureurs et les banquiers à renforcer leur exposition sur les dettes souveraines. Bâle II et, plus encore, Bâle III attribuent aux dettes publiques détenues au bilan des banques un risque inférieur à celui des dettes d’entreprises et des actions. De son côté, Solvabilité II incite fortement les assureurs à augmenter la part de leur portefeuille d’investissement dans la dette souveraine. « Comme si le régulateur ne s’était pas aperçu que certaines actions sont moins risquées et plus liquides que les obligations d’État de la zone euro », soupire un banquier. De fait, dans sa volonté de répondre à la crise financière et au choc des marchés actions de 2007, en obligeant les banques et les sociétés d’assurances à renforcer leurs fonds propres, le régulateur n’a pas vu se profiler la crise de l’endettement souverain ni le spectre de l’inflation, « prouvant, une fois encore, qu’il a une crise de retard », poursuit le même banquier.

Des assureurs exposés au risque souverain

Après vingt-cinq ans de taux d’intérêt bas et de rendement élevé des obligations d’État, les assureurs se sont fortement exposés de leur plein gré au risque souverain : la FFSA évalue à 33 % la part des obligations d’États de l’OCDE dans l’actif général. Or ces portefeuilles sont peu liquides et génèrent une certaine inertie. « Les régulateurs sont en train d’aggraver la prochaine crise, qui viendra probablement d’une crise des dettes publiques », prédisait Patrick Artus dans une note publiée par Natixis en décembre dernier.

Sabine Germain

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