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14 juin 2011

Interview F. Bonnevay

« Nous nous dirigeons vers l’une ou l’autre forme de défaut », Frédéric Bonnevay, économiste, associé de la banque d’affaires Anthera Partners.

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l’actuariel : La perspective d’un défaut est-elle taboue ?

Frédéric Bonnevay : Pour un État, le défaut de paiement peut prendre essentiellement trois formes : le défaut juridiquement caractérisé, c’est-à-dire le refus ou l’incapacité factuelle d’honorer une échéance ; la restructuration ou la prorogation de maturité des instruments de dette ; et enfin, l’inflation ou le seigneuriage, c’est-à-dire le recours à la base monétaire pour amoindrir la charge de la dette. Nous nous dirigeons tout droit vers l’une ou l’autre forme de défaut. Si les gouvernements s’en défendent aussi vigoureusement, c’est pour préserver leur crédibilité. Mais il est clair que la Grèce se prépare à restructurer sa dette et que la plupart des États en difficulté s’orientent vers un mix entre restructuration et inflation.

l’actuariel : Puisque l’inflation efface les dettes, pourquoi s’en priver ?

F.B. : Parce qu’elle limite, à terme, l’efficacité de la politique monétaire conduite par les banques centrales. À court terme, c’est un bon expédient, particulièrement dans un contexte de croissance ralentie. Quant au seigneuriage, il rend le risque de stagflation de plus en plus important.

l’actuariel : En quoi la création de nouveaux instruments financiers européens tels que les Eurobonds est-elle une solution ? Après tout, il ne s’agit que d’un transfert de dettes des États vers l’Europe ?

F.B. : Les Eurobonds ne règlent, certes, pas fondamentalement le problème de l’endettement. Mais ce sont des instruments efficaces et vertueux car ils contraignent les États européens à la coordination budgétaire et leur permettent de bénéficier de la crédibilité de l’Union européenne, donc d’un coût de financement très bas. Cela n’est toutefois possible que si les États membres acceptent que l’UE ait un droit de regard sur leur politique budgétaire.

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