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06 janvier 2014

« La décollecte peut être bénéfique pour les assureurs quand les taux sont bas », Emmanuel Tassin, d

Encadré interview

l'actuariel : Quels sont les travaux des actuaires concernant l’assurance-vie ?

Emmanuel Tassin : Les travaux actuariels portent sur la problématique du risque actif-passif sur les 1 400 milliards d’euros d’encours de l’assurance-vie. Nous travaillons sur les conséquences que peuvent avoir une hausse des taux brutale et prolongée ou au contraire une baisse de ces taux, qui entraîne un effondrement voire une disparition des marges. Il convient d’être vigilant compte tenu des risques qu’impliquent de telles variations.

l'actuariel : Justement, quelles sont les conséquences de la décollecte, notamment celle enregistrée en 2012 ?

E.T. : Depuis deux ans, on constate sur les flux une décollecte ou une stabilisation. Mais la décollecte peut être bénéfique pour les assureurs quand les taux sont bas. À condition qu'elle soit réorientée vers des produits offrant plus d’intérêt pour les deux parties. Pour les assurés, ce sont des produits garantissant un rendement plus élevé. Et pour les assureurs, il s’agit de produits qui les exposent moins aux risques actif-passif.

l'actuariel : Mais l’argent récupéré lors de la décollecte profite-t-il vraiment aux assureurs ?

E.T. : Parfois, car on voit une réallocation de la collecte vers des produits plus attractifs comme les unités de comptes, les fonds à formules et certaines sicav immobilières. Si certains assureurs subissent la décollecte, d’autres ont intérêt à la provoquer quand les taux sont bas, surtout dans le cadre de Solvabilité II qui encourage les assureurs à mieux mesurer leurs risques.

l'actuariel :Que pensez-vous des nouveaux contrats euro-croissance présentés par le gouvernement ?

E.T. : On va mettre en place un produit qui peut en effet apporter davantage de rendement aux assurés qui sont prêts à s’engager sur une durée longue fixée a priori. Ce produit présente l’avantage pour les assureurs de mieux les prémunir contre leurs risques actif-passif. Mais qui va souscrire ce type de produit ? C’est une des principales interrogations pour un produit plutôt adapté à des trentenaires préparant leur retraite par des versements périodiques, alors que la clientèle actuelle des assureurs est plus une clientèle âgée qui verse des primes uniques dans un objectif de transmission. Autre obstacle : même si les euro-croissance peuvent être intéressants à la fois pour les assurés et les assureurs, leur conception est complexe et leur mécanisme actuariel peut être difficile à expliquer aux clients.

l'actuariel : C’est-à-dire ?

E.T. : L’épargne ne bénéficie plus de l’effet cliquet et la garantie de capital sera donnée au terme. De plus, la répartition des primes entre la partie garantie et la poche de diversification résulte d’un calcul actuariel, qui dépend du niveau des taux d’intérêt à la date de chaque versement. Cela pourrait déstabiliser les clients, qui pourront difficilement comprendre toutes les subtilités actuarielles de ces calculs.

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