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21 décembre 2017

Green washing : gare aux ONG !

Encadré

Dans la lutte contre le changement climatique, les méthodes des ONG sont parfois très directes. Elles désignent les pollueurs pour guider les investisseurs, mais s’intéressent aussi de près aux pratiques de ces mêmes investisseurs.

En juillet 2017, l’ONG britannique Carbon Disclosure Project (CDP) publiait un rapport donnant les noms des 100 entreprises responsables de 71 % des émissions globales de gaz à effet de serre. De quoi responsabiliser les investisseurs. Dans la même lignée, l’ONG allemande Urgewald sortait en novembre 2017 la Global Coal Exit List, une sorte de Who’s Who du charbon, répertoriant les noms de plus de 770 acteurs de toute la chaîne de valeur (donc pas seulement les extracteurs). Trois critères y étaient proposés pour éliminer une entreprise de son portefeuille. « Nous avons testé cette liste et pensons qu’il s’agit d’un outil prometteur pour les investisseurs qui souhaitent réorienter leurs investissements liés au charbon », déclare Sylvain Vanston, chargé de la responsabilité entreprise chez Axa.

À suivre donc (lire les annonces du One Planet Summit, page de droite), car, quelques jours plus tard, Les Amis de la Terre France s’intéressaient aux assureurs dans un rapport intitulé Le charbon prend de l’assurance et désignaient Axa comme le champion français des investissements dans le développement de… nouvelles centrales à charbon. « Les assureurs ne font pas exception à la majorité des investisseurs. Beaucoup n’ont pris aucun engagement de désinvestissement du charbon et ceux qui en ont pris, comme Axa, pourtant pionnier en 2015 dans sa politique de désinvestissement, ont adopté des critères d’exclusion qui ne sont pas assez efficaces », lance Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée à l’ONG. Réalisé en partenariat avec le cabinet néerlandais Profundo, ce rapport indiquait que, avec 848 millions de dollars investis depuis 2015, Axa représentait 91 % des investissements des assureurs français à destination de nouvelles centrales. Étaient également pointés Groupama (42 millions de dollars), AG2R La Mondiale (18 millions de dollars) et Covéa (11 millions de dollars). Dans ce rapport, pourtant centré sur les assureurs, les banques françaises n’étaient pas épargnées et leurs participations dans le développement du charbon étaient également divulguées : Crédit Agricole (633 millions de dollars), BNP Paribas (336 millions de dollars), BPCE Groupe (334 millions de dollars) et Société Générale (291 millions de dollars).

La traque de toute forme de soutien

Le charbon n’est pas la seule cible des ONG. Juste avant la COP 23, une douzaine d’organisations, dont BankTrack et Rainforest Action Network, mettaient en cause 33 grandes banques pour avoir accordé plus de 115 milliards de dollars de financement aux entreprises actives dans le secteur des sables bitumineux, entre 2014 et 2017. Dans le rapport étaient détaillés les financements par banque et par année. Le consortium d’ONG pointait notamment les groupes français Crédit Agricole, Société Générale et Natixis et les invitait à suivre le leadership de BNP Paribas sur ce point. Enfin, les financements ne sont pas les seuls traqués. Ainsi, Les Amis de la Terre reprochent à Société Générale son mandat de conseil auprès de NextDecade pour le développement du projet de terminal méthanier Rio Grande LNG et son double gazoduc Rio Bravo (Texas). Or, souligne l’ONG, loin de contribuer à la transition énergétique comme le prétend la banque, ce projet émettrait autant de gaz à effet de serre que 44 centrales à charbon.

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